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Un travailleur sur six travaille chez lui de manière régulière. Le dispositif reste toutefois sous-exploité, surtout dans les PME, et gagnerait à être encouragé. S'il est bien mis en place, tout le monde y gagne.
Selon une enquête réalisée par Jobat, 16 % des Belges pratiquent le télétravail et sont, pour le moins, enviés par leurs collègues. En effet, 56 % des salariés souhaiteraient disposer de cette forme alternative de collaboration. Ces chiffres confirment une précédente étude réalisée par l'UCM.
Les télétravailleurs travaillent soit exclusivement à domicile (2 %), soit dans le cadre du travail nomade (5 %), soit de façon mixte (10 %). Par ailleurs, 57,4 % des travailleurs considèrent que pouvoir travailler à domicile est une évolution positive. Pour les employeurs également, le bénéfice est évident : le télétravail augmente en effet la productivité de 25 %. Le dispositif, consacré depuis 2005 dans la CCT n° 85, gagnerait à être amplifié. On estime que 48 % des salariés du secteur privé pourraient télétravailler, en permanence (25 %) ou partiellement (23 %). En d'autres termes, un tiers seulement des salariés qui le pourraient pratiquent le télétravail. Il y a une belle marge de progression !
Le télétravail génère des avantages indéniables pour l'entreprise. En termes logistiques, elle économise de l'espace. L'employé ne perd pas de temps ni d'énergie en trajets entre le domicile et le lieu de travail. Ce gain de temps le rend plus disponible pour un travail effectif, avec le même investissement personnel. Le salarié est plus productif car plus concentré et il accuse un taux d'absentéisme moins élevé que la moyenne.
Le travail à domicile permet aussi une meilleure combinaison entre vie privée et vie professionnelle, en particulier lorsqu'il y a des enfants. Cela augmente considérablement l'attractivité de l'emploi. C'est un atout appréciable pour une PME qui doit regarder de près à ses coûts salariaux.
Éviter les pièges
Le télétravail n'est cependant pas sans danger. Il requiert une gestion spécifique des ressources humaines et implique une plus grande confiance en ses collaborateurs, la surveillance et le contrôle direct étant rendus, de facto, plus difficiles. Il déroge donc au principe du contrôle managérial traditionnel et à une certaine culture d'entreprise, orientée sur la présence et la visibilité des travailleurs. Le travail à domicile peut également générer des rumeurs malveillantes sur l'effectivité des prestations des collaborateurs et un estompement de la frontière entre travail et vie privée. Enfin, il diminue les occasions de communications formelles et informelles.
Le succès du télétravail dépend donc de sa bonne implémentation. Il requiert un bon encadrement juridique et une analyse fine des coûts et bénéfices au sein de l'entreprise. L'instauration du télétravail doit s'opérer dans une approche multidisciplinaire, intégrant le juridique, les ressources humaines et le service informatique. Le projet doit faire l'objet d'une communication claire de l'entreprise et s'implémenter dans un climat de confiance entre managers et télétravailleurs.
Bien implémenté, le télétravail offre un nouveau mode de collaboration, apprécié des salariés, bénéfique pour l'entreprise et répondant à l'évolution sociologique du monde du travail. Les PME, a priori plus sceptiques sur la pertinence du télétravail, ne devraient pas le snober. Elles peuvent ajouter à la proximité et une ambiance familiale une parfaite conciliation entre vie privée et vie professionnelle. Un avantage comparatif décisif lorsqu'il s'agit de trouver la perle rare ou de la garder.
Source : Extrait du magazine Union & Actions, n°46. Secrétariat social UCM, notre partenaire pour les Services Complémentaires |